Il était une fois le candaulisme…

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  Dans nos sociétés occidentales contemporaines, le couple continue de se vivre dans une norme monogame et exclusive et le mythe du « prince » ou de la « princesse » charmant(e) ne s’est jamais aussi bien porté. Le/la partenaire doit être le meilleur compagnon, le meilleur parent, le meilleur amant, le meilleur ami, et l’unique partenaire sexuel, pour la vie entière. Depuis les années 60 pourtant, les femmes peuvent maîtriser leur procréation et elles ont -théoriquement- la possibilité de disposer de leurs corps à l’égal des hommes. Le développement d’internet et des sites de mise en relation offre également un contexte extrêmement favorable aux rencontres tous azimuts. Enfin, l’impératif de performance sexuelle ajoute une difficulté supplémentaire pour réussir le mythe du « avec elle/lui uniquement pour la vie entière ». « Le coup de canif au contrat » a toujours existé mais, aujourd’hui, il est accessible aux femmes comme aux hommes, et même si on préfère l’ignorer en ce qui concerne son propre couple, il est presque irrémédiable dans une relation durable. L’adultère se pratique pourtant encore en clandestinité et dans la culpabilité, entraînant souvent des ruptures du couple initial et des familles pour le fondement de nouveaux couples et de familles « recomposées ».

Un groupe de personnes, encore exceptionnel, tente de résoudre l’équation en prenant la maîtrise de cet adultère et en l’organisant au sein du couple. Il retourne totalement les codes en vigueur depuis des siècles, puisque ce sont la plupart du temps les hommes qui non seulement consentent mais aussi prennent plaisir en sachant ou regardant leurs femmes avoir des relations sexuelles ou affectives avec d’autres hommes. Il se nomment eux-même les « candaulistes », en référence au mythe grec du Roi Candaule.
Nous nous sommes rapprochés de cette population pour en savoir plus : qui sont-ils ? Comment en sont-ils arrivés à ces pratiques ? Que recherchent-ils dans cette transgression et comment le vivent-ils ? Comment gèrent-ils leur jalousie ou d’autres peurs éventuelles ? Quels sont leurs rituels ? Jouissent-ils mieux ainsi ? Quels risques et points de vigilance soulignent-ils ? Quel impact constatent-ils dans leur lien amoureux ?

Nous nous interrogerons enfin sur les limites de cette étude, puis sur celles de telles pratiques, en les évaluant à l’aune d’autres qui questionnent également la norme monogame exclusive (libertinage et échangisme, « polyamour »…)
Nous nous demanderons ainsi si de ce type de comportements nous pouvons faire émerger des enseignements utiles à l’accompagnement clinique des couples consultants en souffrance qui cherchent à combiner lien amoureux et vie érotique exaltante.

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