Article dans Elle : de l’intérêt (en 8 raisons) de faire des pauses pendant l’amour

Avec la journaliste Caroline Michel, on a discuté rythmes, pauses, avant, après, pendant, et elle en a fait un très chouette article pour ELLE, ouvrant des perspectives toute en humour… Merci à elle pour la qualité de notre échange.

Comme il n’est accessible qu’en édition abonné.e.s, je vous le mets ci-dessous, juste pour vous, je trouve qu’il est parfait pour une petite lecture du samedi matin ! Merci pour autant de ne pas le diffuser en entier pour respecter le magazine et ses impératifs financiers. 

Bon week-end à vous !

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Nouveaux plaisirs : de l’intérêt (en 8 raisons) de faire des pauses pendant l’amour

Quand on fait son jogging, on n’hésite pas à ralentir en cas de fatigue ou dans l’objectif de mieux profiter du paysage. Alors pourquoi pas pendant le sexe ? 8 bonnes raisons de prendre des pauses pendant les rapports, avec Capucine Moreau, sexologue et auteure de « La créativité érotique dans le couple » (éd. La Musardine).

par Caroline Michel

Qui a dit qu’une relation sexuelle se pliait en quinze minutes (trente pour les plus téméraires) ? Personne. Seulement, nous avons tendance à aborder la sexualité comme un dîner au Buffalo : salade d’accueil (préliminaires vite fait consommés), plat principal (pénétration) et Pêche Melba (orgasme pour terminer). On en conviendra, c’est plutôt bon (le débat n’est pas vraiment là) mais quid de la délectation ? Des pauses digestives ? Du plaisir de contempler son assiette avant de la dévorer ? Tout ça pour dire que faire des pauses pendant les rapports sexuels, nous n’y pensons jamais. Or, s’arrêter un instant (et en plein milieu, oui) détient de multiples avantages, qui tous nous conduisent vers de nouveaux plaisirs. Lesquels ? On en parle avec Capucine Moreau, sexologue, créatrice de «  L’école de Capucine » – une structure qui invite à cultiver l’érotisme à travers des conférences et des ateliers sur le sujet – et auteure de « La créativité érotisme du couple » (éd. La Musardine), parce qu’avec un brin de créativité et d’imagination, on peut péter deux trois rideaux (soit dit en passant). Bref, découvrez 8 bonnes raisons de faire une pause ce soir entre la salade d’accueil, les patates et la chantilly.

PARCE QU’ON A SOIF (ET UN PEU FAIM)

Première bonne raison de faire une pause pendant l’amour : on a soif et très envie de manger des coquillettes. C’est primaire et un peu trivial, mais autant se dire les choses : il est très désagréable de s’amuser en levrette quand on rêve d’une fontaine eau potable. Donc si on n’a pas l’habitude de faire des pauses en plein rapport sexuel, on retient qu’une bouteille d’eau ou un Balisto, c’est toujours un bon prétexte pour flirter avec une nouvelle pratique. Autre avantage : faire une pause pour dégommer un litron, c’est la preuve que l’on s’écoute, donc le début d’une relation saine avec soi-même (qui s’écoute en général prend davantage de plaisir dans la vie).

PARCE QUE ÇA ATTÉNUE LES COMPLEXES (ET COMBAT LA PUDEUR)

« Si généralement les relations sexuelles sont chronométrées, ce n’est pas tant parce que les gens souhaitent se dépêcher, mais plutôt parce que la gêne et la pudeur les rattrapent. Quand on est focus sur ce que l’on est censé faire – c’est-à-dire la pénétration pour beaucoup – on se sent plus à l’aise, car enfermés dans une bulle confortable », observe Capucine Moreau, sexologue. En effet, on a du mal à se projeter nus, à deux, en train de regarder le plafond et se raconter nos journées. Nos complexes et notre timidité se rangent plus aisément sous la couette que dans une pause à corps découverts. Ainsi, prenons le propos à l’inverse : oser une pause, puis une deuxième, puis une troisième, c’est prendre le pari, petit à petit, de se dévoiler à l’autre et de réaliser qu’un peu d’embonpoint n’a jamais empêché personne de prendre son pied.

PARCE QUE ÇA PROMET UN PLAISIR PLUS FOU (ET DES ORGASMES PLUS INTENSES)

La méthode de l’edging – dite aussi peaking – nous apprend déjà à freiner le rapport (et donc le plaisir) pour atteindre (ensuite) un orgasme plus dingue. Pour y parvenir, on conseille généralement de « noter » son plaisir sur une échelle de 1 à 10 (le 0 étant l’ennui mortel, le 10 étant le ciel). Si on frôle le 10, c’est qu’il est temps de ralentir un instant (et avoisiner le 6) pour mieux repartir. Il s’agit, en d’autres mots, de faire une pause pour reprendre de l’élan. D’ailleurs, on peut faire une véritable pause – on parle, on se masse, on se raconte une joke. Le souci, c’est que beaucoup de personnes n’osent pas : « Les hommes ont peur de perdre leur érection et les femmes de louper leur orgasme », relève Capucine Moreau. Soyons claires : rater son train n’interdit pas de prendre le prochain (c’est d’ailleurs ce que l’on fait). Et puis les chances que ça reparte après la pause sont quand même colossales. Et si on s’endort, ce n’est pas grave : « Contenir l’énergie jusqu’au prochain moment érotique est très agréable, d’autant qu’il s’avérera plus plaisant », note la sexologue.

PARCE QUE ÇA AIDE À MIEUX SE CONNAÎTRE (SOI ET L’AUTRE)

Faire une pause, et notamment stopper la pénétration, c’est aussi prendre le temps de partager un moment intime au sein même du moment intime. On en profite alors pour se regarder (et en silence, pourquoi pas), ou bien discuter de soi, de notre vie sexuelle ou de la météo. Cette prise de recul permet de renforcer la complicité – la sexualité étant un excellent terrain pour ça – mais aussi de savourer un « peau contre peau ». D’ailleurs, on peut aussi faire une pause et multiplier les caresses et la tendresse (je parcours tes cheveux, ton ventre, tes jambes) et ainsi redécouvrir un paquet de frissons légèrement oubliés. Dans ce cadre-là, la pause est également un excellent moyen de se synchroniser, de se reconnecter et donc de mieux s’appréhender : après tout, dans la vie, quand on ne marche pas à la même vitesse, on s’attend, et puis un jour, on finit par marcher à la même allure (c’est beau l’amour).

PARCE QUE ÇA GÉNÈRE DE L’ÉMOTION (ET LE LIEN)

« S’abstenir de faire des pauses et partager un rapport selon un certain schéma draine une forme de mécanisation », prévient Capucine Moreau, qui ajoute que « ça peut être sympa mais les relations sexuelles finissent par toutes se ressembler ». Un risque que l’on veut bien prendre (après tout, quand on sait que ça fonctionne et que ça plaît, pourquoi changer une équipe qui gagne ?). Seulement, à force d’automatismes, on perd l’émotion. Or l’émotion se loge dans la pause, dans ces instants suspendus qui nous décentrent des va-et-vient et d’une panoplie de gestes que l’on connaît par cœur. Retrouver le temps d’un baiser comme à l’adolescence ou d’une conversation sur l’oreiller comme à l’heure de notre rencontre, c’est renouer avec une dimension plus douce de la sexualité, loin de la performance, des injonctions et des pratiques prétendument jouissives. C’est revenir à qui nous sommes et au couple, tout simplement.

PARCE QU’ON EST UN PEU FATIGUÉE (EN FAIT)

Certains jours, on est crevé (comme hier et comme demain donc), et le sexe nous lasse. Pas de panique : ça arrive aussi devant un bon bouquin et ça ne veut pas dire que l’auteur écrit avec ses pieds. Ainsi, quand on sent la fatigue nous envahir, on peut très bien s’arrêter. Pour la suite, on verra : peut-être allons-nous nous réveiller, peut-être allons-nous roupiller. Toujours étant que « savoir qu’une pause est possible nous détend par avance et stimule le plaisir », selon la sexologue. Pourquoi ? Parce que dès lors, on ne cesse d’imaginer qu’un rapport sexuel demande une heure de temps, une souplesse hors-norme et une condition physique du tonnerre, critères qui ont tendance à nous éloigner du sexe et à tasser notre désir. Donc ? Donc oui pour faire des pauses et percevoir la sexualité comme une série de moments tendres qui s’additionnent. A la fin du mois, on aura peut-être fait l’amour en dix fois mais on aura pris dix fois plus de plaisir (finalement).

PARCE QUE ÇA ME DÉPLAIT (ET QUE ÇA GRATTE LÀ ROBERT)

Parfois, l’acte sexuel s’engage mal, entre absence de lubrification, entrée en matière un peu bâclée ou inconfort sorti de nulle part (mais forcément de quelque part). Bon, les faux départs, ça arrive, et en général, face à un faux départ, on a le choix : on court tant bien que mal ou bien on squatte un banc histoire de respirer. Notre vie sexuelle mérite elle aussi que l’on profite d’un banc quand le rapport ne se déroule pas à notre guise. Quelque part, cela revient à écouter son corps : « De la même façon que l’on s’arrête en plein footing quand on a mal au genou, on peut s’arrêter pendant l’amour si quelque chose ne va pas », image la sexologue. Donc on n’hésite pas à se stopper, et puis comme d’habitude, on sait qu’il suffit peut-être d’un baiser, d’une chanson, d’un mot doux ou d’une note de lubrifiant pour que ça reparte.

PARCE QUE C’EST UN PREMIER PAS VERS L’ORGASME MULTIPLE (SI ON LE CHERCHAIT)

Et si l’on considérait la fin du rapport sexuel comme un break ? Autrement dit, même si on a joui, ne partons pas du principe que c’est l’heure de remballer. On peut, au contraire, se dire que c’est le moment de prendre une pause. Cela ne signifie pas que l’on doit rester tout nu et se regarder dans le blanc des yeux mais que c’est l’occasion, plutôt, de ne pas fermer la porte à ce doux moment que constitue l’après. Car l’après, c’est un peu comme l’avant, ça compte. D’ailleurs – et on y vient, qui sait ce qu’il peut se passer après ? Une question que pose la sexologue Capucine Moreau dans son ouvrage inspirant. Une question qui sous-entend que le plaisir est susceptible de revenir. Bien entendu, rien ne sert de forcer : l’orgasme multiple ne doit pas devenir une nouvelle injonction. Mais des fois qu’on ait la curiosité de l’approcher loin des devoirs qu’imposent parfois la sexualité, autant faire une pause et observer son corps et son état. Et puis si on repart mais qu’il ne se passe rien, ce n’est pas un problème : on pourra toujours refaire une pause.

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